Vendredi 20 septembre
Rien à faire aujourd'hui. Nous profitons de la maison de Laurent et Marie-Laure, qui sont au travail. Il y fait bon... derrière les carreaux !
Têtus comme des mules...
Samedi 21 septembre
Notre prochaine étape, c'est Annecy chez notre fils Gauvain et sa compagne Mathilde. Nous avons pris pas mal d'avance sur le Danube, avec l'idée de ralentir sur la fin pour profiter d'un été indien qu'on espère doux. Mais Météo Radar annonce une dégradation de plus pour les prochains jours. Donc on va plutôt filer vers Annecy avant la pluie, et passer plus de temps avec notre petit-fils Léopold.
Pour ce soir, nous visons le petit camping familial Le Nant des Mules, près d'Yvoire. On est samedi et nous voulons éviter les grands campings de bord de lac. Celui-ci est en pleine campagne et semble cocher toutes les cases.
Lorsque nous arrivons, un petit écriteau à l'entrée affiche " camping complet ". Un camping complet fin septembre ? Bizarre... Personne à la réception, pourtant censée être encore ouverte. Je téléphone. Un dialogue de sourd commence :
- Je lis que votre camping est complet, mais vous avez sûrement une petite place pour deux cyclotouristes ? Nous n'avons besoin que d'un peu d'herbe et une douche.
- Désolé c'est complet. On ne peut pas accueillir deux personnes de plus, les sanitaires sont dimensionnés pour un certain nombre de personnes, mais pas plus. Désolé. Allez voir plus loin. Il y a d'autres campings au bord du lac. "
Sauf que c'est justement ce dont nous ne voulons pas. J'essaie de parlementer un peu, mais il n'y a rien à faire. Je capitule.
Au Nant des Mules, on est têtus ! Mais moi aussi. Je ne suis pas décidé à repartir. Et si j'allais vérifier si ce camping est vraiment complet... Déjà, la partie mobil-homes n'a pas l'air très animée. Et l'espace réservé aux toiles de tente ? Il est quasi-vide !
Je veux bien qu'on se moque de moi, mais je n'aime pas m'en apercevoir. Alors on décide de s'installer quand même. Quant aux sanitaires, correctement dimensionnés ou pas, ils sont surtout vétustes ! On s'en contentera...
Je raconte la scène à un habitué qui ne semble pas comprendre : " Mais qu'est-ce qui lui prend, à la Julie ? " (La gérante s'appelle Julie). On pense qu'elle n'avait pas envie de se déranger pour deux zigottos. Pourtant, il suffisait de dire " installez-vous je passerai demain " ou même (soyons fous) : " installez-vous et mettez l'argent dans la boîte aux lettres ", ce que nous aurions évidemment fait.
Du coup on est partis sans payer. La douche était chaude et on a très bien dormi, merci.
Léman express
Dimanche 22 septembre
Le ciel se couvre déjà, mais il reste encore quelques heures avant la pluie. Juste ce qu'il faut pour une dernière petite incursion en Suisse, entre Yvoire et Annemasse.
Je ne sais pas comment l'expliquer, mais dès qu'on est du coté suisse, tout est pareil et tout est différent : tout est plus net, tout est plus calme, les bonjours sont plus souriants, les routes sont plus tranquilles, les fermes sont plus éparpillées, plus pimpantes, l'herbe est plus verte... Est-une impression ? Ou des clichés qui ont la vie dure ? Souvent on voit ce qu'on veut voir...
À Annemasse, nous prenons le Léman Express, le train régional direct pour Annecy. Par la vitre, nous regardons défiler les contreforts du Chablais, que nous aurions dû traverser à vélo, tandis qu'arrivent les premières averses. Pas de regrets...
En sortant de la gare d'Annecy, il nous reste une dernière bonne grimpette " droit dans l'pentu " pour aller jusqu'à Annecy-le-Vieux, chez Gauvain. Mais celle-ci nous la connaissons, pour l'avoir déjà gravie plusieurs fois. Même avec des passages à 10%, même chargés, elle ne nous fait pas peur.
Ce soir, nous sommes au sec et en famille.
Break inattendu
Du lundi 23 au jeudi 26 septembre
Séraphine et Rouletabille sont au garage. Et nous, nous basculons en mode papy-mamie pour quelques jours. Notre petit Léopold semble ravi de ce changement de routine et nous passons de bons moments avec lui...
Lundi : 100% Léopold
Mardi : un peu de shopping...
Mercredi : tour du lac d'Annecy à vélo. Le moins mauvais jour de la semaine...
Jeudi : un peu de mécanique. La chaîne de Séraphine est si encrassée que j'ai préféré la changer. De toute façon elle était usée.
Polskie wesele !
Du vendredi 27 au lundi 30 septembre
Nous sommes repartis en Pologne où nous étions invités à un mariage. Je vous raconte tout cela dans le prochain article !
ViaRhôna
Mardi 1er octobre
Il y a un mouvement de grève dans les crèches. Ça tombe bien nous sommes de retour à Annecy. Donc aujourd'hui c'est 100% Léopold...
Mercredi 2 octobre
Il faut repartir, la promenade n'est pas terminée. La maison est encore à plus de 800 km !
Il est prévu une pause amicale à Lyon, chez notre amie Thérèse. 15 ans que nous ne nous sommes pas vus. Mais on s'écrit tous les ans !
Pour aller à Lyon, il faut rejoindre la ViaRhôna, la véloroute qui va de Genève à la méditerranée. Nous n'irons pas à Genève. Nous allons couper depuis Annecy en suivant le Fier, rivière qui rejoint le Rhône près de Seyssel. Le profil sera donc globalement descendant.
Mais globalement ne veut pas dire constamment. Après quelques bosses pour quitter l'agglomération Annecienne, nous traversons une jolie campagne ondoyante et verte. Au loin on aperçoit la crête derrière laquelle passe le Rhône, puis, en s'approchant, la profonde échancrure dans laquelle passe le Fier... et notre route.
Les campings ferment les uns après les autres. Ce soir sera probablement notre dernière nuit sous la tente. Le camping du jour est à la fois vétuste et sale, ce qui n'était encore jamais arrivé. Évidemment, il est presque vide et donc très calme. C'est déjà ça.
Du jeudi 3 au samedi 5 octobre
Nous nous sommes donnés 3 jours pour parcourir les 150 km qui nous séparent de Lyon. Ce qui nous laisse le temps de flâner, du moins si la météo le permet. Et de ce coté-là ce n'est pas gagné : il fait toujours aussi froid. Une froide bise du nord, en plus de nous freiner se charge de retirer encore quelques degrés à la température ressentie.
Malgré tout, nous goûtons avec plaisir ce beau parcours. La ViaRhôna est magnifiquement tracée, entre le fleuve et les monts du Bugey. Et bien sûr totalement déserte !
Après Morestel, nous l'abandonnons cependant, pour couper par Crémieu. La route est une ancienne voie de chemin de fer. Faux plat montant + gravier + vent de face + froid humide... pas idéal mais on en a vu d'autres. Nous arrivons juste à temps à Crémieu pour nous mettre au chaud devant une bonne galette bretonne. Et de toute façon nous faisons étape ici ce soir. Promenade dans la jolie petite ville, en attendant de rejoindre notre gîte et de n'en plus bouger.
Après Crémieu, nous arrivons vite dans la banlieue lyonnaise. La ViaRhôna suit le canal de Jonage, puis traverse le grand parc Miribel avant d'arriver dans la ville elle-même. Nous échappons heureusement aux sempiternelles zones industrielles et commerciales des périphéries.
Devant nous, la colline de la Croix-Rousse. C'est là que nous sommes attendus. Une belle rampe à 9-10 % qui vaut largement celle d'Annecy-le-Vieux. Mais ça passe tout seul. On s'est quand même un peu affûtés, depuis le temps...
En haut, sur le boulevard, c'est la fête foraine de la vogue des marrons. Nous sommes deux extraterrestres dans le brouhaha, les cris et les lumières criardes. Quelques passants nous jettent un regard, entre deux bouchées de Churros. Et les marrons chauds, ils sont où ? On n'en voit pas. Dommage.
Thérèse habite un grand appartement tout en haut de la colline. Vue magnifique sur Lyon et la colline d'en face, la " colline qui prie " : Fourvière.( La Croix-Rousse est la " colline qui travaille ", celle des canuts.)
Ce soir, soirée-papote avec Thérèse et sa fille Anne-Lise. Nous continuons la conversation commencée hier. Et hier c'était il y a 15 ans...
Dimanche 6 octobre
De Lyon nous ne connaissons que gare de la Part-Dieu et - en ce qui me concerne - la tour qui se termine en pointe de crayon.
Aujourd'hui nous délaissons nos vélos pour une visite à pied des endroits les plus emblématiques : Fourvière, le vieux Lyon, les traboules, la place Bellecour.
Ce soir, dernière soirée-papote avec Thérèse...
Un voyage commencé â vélo doit se terminer à vélo !
Lundi 7 octobre
La semaine qui commence s'annonce aussi maussade que les précédentes. Pas très enthousiasmant. Pourtant, nous tombons d'accord pour faire au moins les toutes dernières étapes à vélo. Un voyage commencé à vélo doit se terminer à vélo. On a nos principes, ah mais !
Mais il y a une date butoir : aux vacances de la Toussaint nous reprenons notre métier de papy-mamie et il reste encore 650 km. Ça va faire trop juste. Il faut faire des choix.
Nous allons donc prendre le train à Lyon jusqu'à Saumur (l'intercité Lyon-Nantes). Puis nous ferons les derniers 120 km à vélo, quelque soit le temps...
Nous quittons Thérèse et dévalons la colline de la Croix-Rousse. Sans les carrefours et les feux rouges, nous aurions pu aller en roue libre jusqu'à la gare de la Part-Dieu. Je plaisante, bien-sûr...
Démesure...
A la gare, publicité géante pour " Le nouveau Ford Explorer 100% électrique ". Un énorme SUV qui doit bien peser ses deux tonnes (2015 kg, j'ai vérifié). 286 chevaux, 0 à 100 km/h en 6 secondes.... 4000 euros de bonus écologique et 1500 euros de prime de conversion... L'état (c'est à dire Nous) donne de l'argent à des gens qui n'en ont pas besoin pour acheter des voitures qui ne devraient pas exister. On n'est pas tirés d'affaire...
SNCF ? C'est possible ! *
L'intercité Lyon-Nantes est une bonne surprise : on s'attendait à de vieilles voitures corail vaguement repeintes, tirés par une " CC 6500 " des années 70, et au lieu de ça c'est une rame automotrice moderne et confortable. On y entre de plain pied et les vélos sont rangés à l'horizontale. Pas besoin de les pendre à un crochet trop petit. Et en plus, il est à l'heure. Et comme il n'y a pas de voiture-bar, un arrêt d' un 1/4 d'heure est prévue vers midi. Avant on disait un arrêt-buffet. La SNCF comme on l'aime. Comme quoi c'est possible. Bravo !
* Vieux slogan publicitaire. À l'époque, la SNCF était une entreprise publique. Elle ne faisait pas de bénéfices mais les trains étaient fiables et ponctuels...
Contents de rentrer ? Bof...
Entre Saumur et chez nous, il y a 125 kilomètres par la " Vélo Buissonnière " (V44). On en a fait 40 hier en sortant du train. Il en reste 85 pour aujourd'hui. Nous devrions être chez nous ce soir, avant les prochaine grosses pluies, si on appuie un peu plus sur les pédales.
Ce qui ne veut pas dire que le temps est sec. Averses et grains sont plus nombreux que les trouées ensoleillées. Mais la température est douce et le vent indulgent.
La voie verte n'est pas très filante : revêtement absent ou dégradé, faux-plats, côtes... mais malgré tout les kilomètres défilent. Nous pédalons allégrement, poursuivis (et souvent rattrapés) par la pluie.
La Flèche, Noyen, La Suze... lieux familiers. Les Hobbits sont de retour dans La Comté. Au moment où nous arrivons, une belle éclaircie s'impose enfin. Serait-ce un signe ?
La maison est toujours là, à sa place. Ouvrir la porte, garer les vélos, ouvrir les volets ... c'est comme si on était partis hier... La bascule dans la " vie civile " se fait instantanément et sans douleur.
Sommes-nous contents de rentrer ? bof... oui et non. Nous aurions pu continuer comme cela presque indéfiniment, sous réserve de conditions météo acceptables... ou d'un budget conséquent pour l'hôtel !
Mais le confort domestique a ses charmes aussi. La petite flambée dans le poêle, la baguette fraiche le matin, les courses à la supérette, les amis, la famille, les ballades dans la campagne, les sorties vélo du jeudi, ... toutes ces petites choses qu'on apprécie d'autant plus après une longue absence.
La vie civile
Et puis pendant qu'on pédalait, notre agenda s'est rempli. La " vie professionnelle " de jeunes retraités n'est pas de tout repos, mais au moins on la choisit : dans 10 jours c'est la finale de la CIROVTT Trial à La-Roche-Sur-Yon... Puis nous enchaînons sur les vacances de la Toussaint avec les petits-enfants... puis un week-end entre amis, puis il y aura la coupe du monde de trial, en Vendée... puis un grand week-end de baby-sitting à Annecy... puis nous arriverons à Noël.
Et nous commencerons à penser aux prochains voyages...
Petit (et grand) récap
- vendredi 20 septembre - 5 km - Evian
- samedi 21 septembre - 29 km - Evian - Yvoire
- dimanche 22 septembre - 37 km - Yvoire - Annecy
- lundi 23 septembre - 5 km - Annecy
- mardi 24 septembre - 10 km - Annecy
- mercredi 25 septembre - 45 km - Annecy (tour du lac)
- jeudi 26 septembre - 0 km - Annecy
- samedi 00 janvier - km - Mariage Pologne
- samedi 00 janvier - km - Mariage Pologne
- samedi 00 janvier - km - Mariage Pologne
- lundi 30 septembre - 0 km - Annecy
- mardi 01 octobre - 0 km - Annecy
- mercredi 02 octobre - 53 km - Annecy - Serrières-en-Chautagne (Seyssel)
- jeudi 03 octobre - 47 km - Serrières-en-Chautagne - Bregnier
- vendredi 04 octobre - 48 km - Bregnier - Crémieu
- samedi 05 octobre - 51 km - Crémieu - Lyon
- dimanche 06 octobre - 5 km - Lyon
- lundi 07 octobre - 40 km - Lyon - Saumur - Baugé (train 500 km)
- mardi 08 octobre - 86 km - Baugé - Rouillon
- 126 jours de voyage, dont 90 jours " pédalés "
- 49 km par jour, 64 km par jour " pédalé "
- 1 crevaison
- 6 pays traversés
- 54 nuits sous la tente
- 51 nuits à l'hôtel
- 21 nuits en famille ou amis
- 2 allers-retours à la maison
- 2 jours de baby-sitting
- 1 baptême
- 1 mariage
Les aquarelles de Béatrice
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C'est toujours aussi agréable de vous lire et/ou de regarder les aquarelles en lien avec votre vécu.
RépondreSupprimerBravo pour le voyage à vélo les commentaires pointus et les illustrations originales!
Préparez-vous de bonnes vacances de la Toussaint!