06 - Déraper sur les limaces (ne pas...)


Jeudi 30 mai

Vive le vél'eau !

Depuis que nous sommes partis, le 12 mai, les jours sans pluie se comptent sur le pouce et l'index d'une seule main. Si vous avez bien suivi, ça fait 2. Le reste du temps, c'est mini-trous de soleil, temps gris, crachins suivi d'averses. Pluies éparses comme dit Météo France, dont les prévisionnistes semblent bien à la peine. Ou alors ils sont en congés et ce sont des stagiaires qui font le boulot ? Mais comme maintenant toute prévision est accompagnée d'une probabilité, ils ne se trompent jamais...

Une chose au moins est sûre : notre nouvelle tente (qui a déjà largement fait ses preuves l'an dernier) confirme ses qualités. A part un peu d'humidité qui s'accumule au fond par manque d'aération, on reste bien au sec, même par forte pluie.

Le jour, quand il pleut en continu, on s'enferme dans les vêtements de pluie et on roule tranquille, pour ne pas bouillir à l'intérieur. Mais quand ce sont les petits grains qui succèdent aux crachotis, c'est plus compliqué : aux premières gouttes on scrute le ciel et le sens du vent pour savoir si on aura juste un pipi de chat ou une vraie douche. Faut-il enfiler la tenue de pluie ? Ou pas ? Ou seulement la veste et pas le pantalon ? Se dire que ça va passer ? Personnellement, je trouve le pantalon insupportable, alors dans ces cas-là je roule en slip (de bain, mais pas toujours). Ce qui compte finalement c'est de mouiller le moins d'affaires possible.

La véloroute, elle, est toujours aussi douce à nos cuisses. Écluses insignifiantes le plus souvent, revêtement de bonne qualité, et vent dans le dos. Il faut juste slalomer entre les nombreux gastéropodes, petits et grands, avec ou sans coquille, qui traversent sans regarder.

Comme nous sommes très en avance et que la météo des prochains jours s'annonce encore plus mauvaise, nous décidons de rester deux jours à Montbéliard. Une pause tout confort de temps en temps, on apprécie !

D'autant qu'on a eu un bol incroyable : 2 nuits en demi pension pour 2 personnes à l'hôtel Ibis pour 145 euros tout compris ! Si on décompte le prix des repas et des petits déjeuners, c'est presque moins cher qu'un camping. Jusqu'à la dernière minute on s'est demandé s'il n'y avait pas une erreur. Mais non. Alors on se fait tout petits et on s'installe, tandis que dehors c'est maintenant l'orage qui gronde.

Vendredi 31 mai

Peugeot-ville

Ce matin évidemment on s'est goinfré au petit déjeuner, avec le but avoué de sauter le repas de midi !

Nous délaissons Séraphine et Rouletabille, qui sont au repos (et au sec) dans l'abri vélo de l'hôtel et prenons le bus pour aller en centre-ville. L'avantage quand il pleut, c'est qu'on prend le temps de visiter les villes, et même les musées.

Et à Montbéliard, il y en a un qu'il ne faut pas rater : le musée de l'aventure Peugeot. On y découvre la longue histoire de la marque, et surtout l'incroyable diversité des produits qui sortaient des usines de Sochaux, de Montbéliard et d'ailleurs : des voitures et des vélos, bien sûr, mais aussi des outils, des moulins à café, des armes, des meubles, des machines à coudre, des mobylettes, des lave-vaisselle, des radios, des moteurs d'avion... Peugeot fabriquait tout ça !

Nous ne sommes pas des passionnés de bagnole, mais là, vraiment, c'est émouvant. Les voitures sont impeccablement restaurées. La plupart sont immatriculées donc en état de marche. Pas une trace d'huile en dessous, la peinture est parfaite, pas de poussière. On dirait qu'elles sont passées au plumeau tous les jours. J'ai beaucoup aimé les voitures des années 30, leurs formes douces, leurs couleurs pastel, les selleries soignées, pas d'audace, peu d'innovations, que de l’élégance, de la classe, le charme discret de la bourgeoisie...

Les voitures actuelles, avec leurs carrosseries ressemblant à des blindés furtifs et leurs faciès agressifs sont à l'image de nos sociétés apeurées ou chacun s'enferme. Et c'est bien triste. Elles pourraient aller se rhabiller, c'est le cas de le dire...

Montbéliard, sa maroquinerie

En se baladant dans les rues, on tombe en arrêt devant une incroyable boutique : au moins 30 mètres linéaires de vitrine, à l'angle d'une rue : la maroquinerie Noël. Des sacs, des sacs, encore des sacs, des parapluies, des valises... Incroyable ! Et dedans c'est pareil : la boutique est profonde, des dizaines de mètres de rayonnage, des milliers de sacs, des collections complètes par marque, des bagages, des ceintures, des parapluies, et l'odeur du cuir... et du personnel accueillant pour servir les clients... Impossible de ressortir les mains vides ! C'est vraiment chouette que des magasins comme ça résistent, à l'heure d'Amazon et des chinoiseries toutes pareilles. Bravo !

Soudain, l'Alsace

Samedi 1er et dimanche 2 juin

La météo est toujours maussade, mais il faut bien bouger un peu quand même... Nous quittons l'hôtel et le doux cours du Doubs pour le canal du Rhin, en direction de Mulhouse. Nous arrivons rapidement au partage des eaux Rhône-Rhin. Et de l'autre coté c'est l'Alsace, instantanément. L'ambiance a changé : Nous voilà dans le Sundgau, au pays des bach, des  heim, des willer des wihr et des sheim... 

A partir de maintenant, le profil du canal s'étant inversé, on repasse en mode assistance gravitique + éolienne. En clair : ça descend vent dans le dos, et c'est bien agréable malgré le temps menaçant.

De grosses pluies sont annoncées pour les jours à venir. Nous allons donc à nouveau consommer un peu de notre avance et rester deux jours à Mulhouse. Ça tombe bien : le camping municipal est doté d'une très grande salle commune et d'une terrasse abritée. On pourra y passer du temps si nécessaire.

Nous nous installons juste avant qu'il se remette à pleuvoir. Petit à petit d'autres cyclo-voyageurs encapuchonnés arrivent, s'installent comme ils peuvent sur le sol spongieux et sous la pluie battante puis viennent se réfugier sous l'auvent ou dans la salle commune. Nous y retrouvons par hasard Philippe, d'Angers, avec qui nous avions participé à la préparation du festival du voyage à vélo au Mans cette année. On revoit aussi François, le cyclo en route pour Istanbul, que nous avions rencontré à Seurre il y a quelques jours... Il y a des français, une famille suisse, des allemands. On s'échange les itinéraires, les astuces... C'est marrant de voir ces petites communautés de voyageurs se constituer le temps d'une soirée, puis se disloquer le lendemain, pour se reconstituer différemment un peu plus loin, parfois...

Sur un air de claquettes

lundi 3 juin

Nous sommes attendus à Colmar mardi. Nous avons donc deux jours pour faire les 60 km qui restent. Nous décidons d'en faire la moitié aujourd'hui et de nous arrêter au petit camping municipal de Rouffach, que nous connaissons déjà pour y être venus il y a 4 ans, c'est à dire en l'an zéro après COVID...

A Rouffach, les cigognes sont chez elles. De nombreux nids sont installés sur les toits élevés, les clochers... Il paraît qu'un nid de cigognes peut peser jusqu'à 500 kg. On entend continuellement le claquettement des grands oiseaux, qui discutent sans doute de l'éducation des cigogneaux, ou de leur prochain voyage...

Le passé et la Venise

Mardi 4 et mercredi 5 juin

Question bleue : Pont-Audemer, Colmar, Sète, Port-Grimaud, Annecy, Martigues, L’Isle-sur-la-Sorgue, Amiens, Ornans, Brantôme... Quel est le point commun de ces villes ? Réponse : elle sont traversées par des canaux, ce sont des " petites Venise ". Au point que je me demande si venise n'est pas devenu un nom commun, auquel cas je devrais retirer la majuscule et mettre un s...

Nous voici donc à Colmar, la petite Venise d'Alsace. Ce soir pas de camping ni d'hôtel mais une soirée retrouvailles...

Flashback : Il y a 45 ans, Béatrice étudiait le commerce à l'IUT de Colmar. Entre les cours et les soirées avec les copines, elle gardait des enfants dans une famille, dont le mari était pédiatre...

C'est dans cette famille que nous sommes attendus mardi soir. La dame est maintenant veuve et âgée, mais toujours alerte, et nous a reçu avec beaucoup de plaisir et d'émotion. Stéphane, le garçon que gardait Béatrice, a maintenant 50 ans... et nous avons pu faire la connaissance de ses enfants et de sa compagne !

Magie du voyage, encore et toujours...

Le lendemain, nous reprenons la route alors que la journée est déjà bien avancée, en direction de Rosheim près de Strasbourg, où nous sommes attendus... pour d'autres retrouvailles !

Mais ça, c'est pour demain. Ce soir devrait donc être notre dernière nuit en camping avant de rentrer chez nous pour la première des deux pauses familiales au programme. Mais comme nos affaires ont pu sécher correctement au soleil avant d'arriver à Colmar, on n'a pas trop envie de tout ressortir et risquer de tout mouiller à nouveau. Et oui ça arrive...

J'ai donc réservé en dernière minute un hôtel quelque part sur notre itinéraire, à Dieffenthal. Et bien nous en a pris, car nous avons croisé un bel orage juste avant d'arriver. Nous nous présentons trempés à l'accueil, sous l'œil légèrement hautain de l'hôtelier qui ne semble pas apprécier que nous déclinions ses propositions de tartes flambées et de petit-déjeuner. Mais bon. Nos vélos sont à l'abri et nous aussi. C'est l'essentiel.

Jeudi 6 juin

Puisque notre route passe par l'Alsace, Béatrice s'est dit que peut-être elle pourrait retrouver certaines de ses amies de l'époque. Ce qui fut fait : Après quelques recherches et recoupement, nous sommes entrés en contact avec Nancy, une de ses anciennes amies, maintenant praticienne en Ortho-Bionomy à Rosheim. Et comme par hasard, c'est juste sur notre route !

Nous avons donc retrouvé Nancy et fait la connaissance de son mari Charly. Pour l'occasion, Nancy avait invité Fifi, une autre des amies de Béatrice. Discussions, souvenirs... comme si c'était hier !

Vendredi 7 juin

Après cette agréable soirée " étudiante " et une nuit bien tranquille, nous rentrons chez nous comme prévu, en train direct depuis Strasbourg. Séraphine et Rouletabille sont au repos à Rosheim pour les 10 jours qui viennent, chez Viviane, la voisine de Nancy.

Petit récap'

  • dimanche 12 mai - 56 km - Rouillon - Ruillé-sur-Loir
  • lundi 13 mai - 58 km - Ruillé-sur-Loir - Montlouis-sur-Loire
  • mardi 14 mai - 27 km - Montlouis-sur-Loire - Bléré
  • mercredi 15 mai - 56 km - Bléré - Favras
  • jeudi 16 mai - 29 km - Favras - Favras
  • vendredi 17 mai - 44 km - Favras - Amboise
  • samedi 18 mai - 0 km - Amboise
  • dimanche 19 mai - 16 km - Amboise
  • lundi 20 mai - 62 km - Amboise - Fléré-la-rivière
  • mardi 21 mai - 64 km - Fléré-la-rivière - Chateauroux
  • mercredi 22 mai - 70 km - Chateauroux - Chateaumeillant
  • jeudi 23 mai - 79 km - Chateaumeillant - Sancoins
  • vendredi 24 mai - 88 km - Sancoins - Charrin
  • samedi 25 mai - 82 km - Charrin - Volesvres
  • dimanche 26 mai - 86 km - Volesvres - Chagny
  • lundi 27 mai - 63 km - Chagny - Seurre
  • mardi 28 mai - 78 km - Seurre - Fraisans
  • mercredi 29 mai - 70 km - Fraisans - Baume-les-dames
  • jeudi 30 mai - 60 km - Baume-les-dames - Montbéliard
  • vendredi 31 mai - 0 km - Montbéliard
  • samedi 01 juin - 52 km - Montbéliard - Mulhouse
  • dimanche 02 juin - 0 km - Mulhouse
  • lundi 03 juin - 35 km - Mulhouse - Rouffach
  • mardi 04 juin - 20 km - Rouffach - Colmar
  • mercredi 05 juin - 32 km - Colmar - Dieffenthal
  • jeudi 06 juin - 30 km - Dieffenthal - Rosheim
Total : 1257 km


Le doux cours du Doubs, et la moche météo maussade


" L'escargot ne recule jamais " (A.Vialatte)

L'aventure Peugeot

Peugeot 401 Eclipse convertible - 1936


Maroquinerie Noël, Montbéliard


Mulhouse le dimanche...


La cité du Train, Mulhouse


Sur la route des vins

Sur la route des vins

Eguisheim


Petite Venise, Colmar

Couvent des dominicains, Colmar

L'ancien IUT de Colmar, place du 2 février

Mont Sainte-Odile (le mur païen)

Les aquarelles de Béatrice






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Commentaires

  1. 👍🙂👍bonjour de Nicole et Jón

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  2. Merci Alain, te lire c’est un peu voyager, ça fait du bien ! Et quelle plume ! Bises de Thérèse

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  3. Toujours impatiente de te lire Alain et là….il m’a fallu beaucoup de patience 😂
    Quand je pense que nous sommes passés sans la voir à côté de cette extraordinaire maroquinerie Noël lors de notre petit arrêt en Franche-Comté début mai sous la pluie également ☔️
    Par contre bien d’accord qu’il ne faut pas passer à côté du musée Peugeot ni de leur brasserie bien sympathique.
    Bises et bonne continuation
    Danielle B

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