Dimanche 11 août
Charnière
Les " vacances à Wadowice " sont terminées. Notre épargne-temps est épuisée. Ce matin nous dirigeons nos roues vers chez nous. Nous sommes à la charnière de notre grande promenade. On remet les compteurs à zéro. Plus que 2000 kilomètres...
Nous avons décidé de repartir de Wadowice un jour plus tôt que prévu, car nous devons être à Uherský Brod en république tchèque vendredi prochain. L'idéal étant d'y arriver jeudi soir, on dispose donc de 5 jours pour faire les 300 km. En principe c'est dans nos cordes.
Pourquoi ce détour par la petite ville d’Uherský Brod ? Parce que c'est la ville natale de Séraphine. Et nous avons rendez-vous vendredi chez son constructeur : AZUB.
Nous retournons avec Kathleen et Jean-Paul à l'agroturystyka où nous avons laissé nos vélos. Chargement des bagages, embrassades, et c'est parti. La routine du voyage reprend ses droits. Instantanément nous retrouvons nos marques et ce délicieux sentiment d'abandon une fois installés sur nos sièges. Le petit miracle à chaque fois se renouvelle...
Nous repassons une dernière fois par la place Jana Pawła II, où la compétition de trial bat son plein. Un dernier hug à Kathleen et Jean-Paul. Cette fois il faut vraiment y aller.
Le tronçon qui va de Wadowice à Uherský Brod a été difficile à mettre au point. Plusieurs versions ont été nécessaires avant d'arriver à un compromis acceptable : il s'agissait : (1) de respecter la contrainte de temps, (2) de contourner les massifs montagneux, (3) sans faire trop de détours, (4) en évitant les grandes routes, (5) et aussi les chemins, (6) tout en restant autant que possible sur des véloroutes balisées... Ouf !
Lundi 12 août
Dovidzenia Polskà !
Hier soir, pour notre dernière nuit en Pologne, nous avons trouvé un grand hôtel plutôt luxueux, dont on se demande bien ce qu'il fait là, dans cette petite ville industrielle plutôt quelconque (Czechowice-Dziedzice). Hôtel de luxe, cela veut dire sans frigo ni cuisine commune, mais avec un buffet petit-déjeuner comme on en a encore jamais vu en Pologne ! Ce matin c'est la fête !
Aujourd'hui, nous passons en République Tchèque. Au revoir la Pologne, au revoir les Polonais...
Il faut tout reprendre a zéro : la langue (heureusement pas très différente), la monnaie, les enseignes des supérettes, les horaires des magasins, les codes de la route (l'écrit et... le non écrit !)
Sur ce dernier point, d'ailleurs, on perd au change. Finie la priorité absolue au passages pour piétons. Ici, c'est plutôt sauve qui peut... Quand un conducteur nous cède le passage, on sent qu'il nous fait une faveur, donc on dit merci. Comme en France...
Comment une frontière (à peine matérialisée, d'ailleurs) peut-elle à ce point influencer les comportements ? Bonne question... En attendant, on fait avec et on réapprend à ne pas faire confiance.
Pas plus de camping en Tchéquie qu'en Pologne. De toutes façons, tant qu'on trouve des hôtels pas trop chers...
Ce soir c'est une penzion. Un genre de bed-and-breakfast. Pour 40 euros.
Mardi 13 août
Dobry den Česko !
Nous avons décidé de profiter des conditions idéales pour allonger l'étape d'aujourd'hui : 90 kilomètres prévu au lieu des 50 réglementaires. A ce tarif là, nous arriverons encore plus tôt à Uherský Brod. Départ de bonne heure tout de même, pour éviter autant que possible les grosses chaleurs annoncéees dans l'après-midi.
Hier, les premiers kilomètres en Tchéquie nous ont un peu désappointés. Grandes routes, circulation frénétique, aménagements cyclistes absents...
Aujourd'hui c'est tout le contraire. Après nous être débarrassés de la banlieue d'Ostrava, nous rejoignons une jolie voie verte, parfaitement lisse et relativement plate (pour le moment). Nous suivons une petite rivière, au fond d'une large vallée, à l'écart de toute circulation, tantôt dans les bois, tantôt à découvert. Les moissons sont terminées, le regain est déjà fauché, la campagne est calme, la vie est belle...
Au bout de 50 km, nous quittons la rivière. Après quelques bonnes grimpettes en escalier, nous rejoignons la vallée de la Bečva, que nous suivrons jusqu'à notre étape de ce soir : Lipnik Nad Bečvou.
On retrouve avec bonheur la même belle piste ombragée que ce matin. On se laisse porter, en appuyant à peine sur les pédales, profitant au maximum de l'ombre généreuse et de la relative fraîcheur de la rivière.
Au passage, petite pause-goûter aérée à Hranice, jolie petite ville, avec sa place centrale qui rappelle les Rynek polonais, et ses arcades aux couleurs douces. Un mélange de ville slave et de bastide périgourdine.
Pour ce soir, nous n'avons même pas cherché a savoir s'il y avait un camping dans les parages. C'est direct la pension ! Nous avons trouvé un grand studio tout équipé, cuisine, salle de bain privative, vélos à l'abri, accueil sympa et sans manières... Pour 36 €.
Et franchement, après une belle journée de vélo sous le soleil, on apprécie de se mettre au frais à l'intérieur...
Les petits oiseaux sur les mots
Mercredi 14 août
Kroměříž est le nom de la ville où nous nous arrêterons ce soir. Belle façon de faire connaissance avec la prononciation tchèque : 8 lettres, dont quatre accentuées qui se suivent !
Allez je me lance :
Krom... : jusque là tout va bien. Il faut juste penser à rouler le r.
ř petit oiseau se dit rge
í accent se dit ii (long)
ž petit oiseau se dit j
Donc ça ferait Krromierrgiij (?). J'ai demandé confirmation à Google translate, qui ne s'en est pas sorti tellement mieux...
Il nous reste 2 jours pour faire les 90 derniers kilomètres jusqu'à Uherský Brod. Donc aujourd'hui, c'est petite étape facile et toute plate. À tel point que nous décidons de faire un détour pour profiter au maximum des sous-bois et de la rivière.
A midi nous arrivons à Kroměříž. La ville blanche et pastelle est écrasée de chaleur. Personne sur la place centrale, et pas beaucoup de monde sous les arcades, même à l'ombre. On s'assoit un moment dans le grand jardin à la française de l'ancien archevêché, puis direction l'hôtel où nous espérons trouver un peu de fraîcheur.
De toutes façons, à 17h les magasins ferment. Comme nous n'avons pas le courage d'aller faire les courses au Lidl, ni l'envie de dîner au restaurant, ce soir on fait avec ce qu'on a pu trouver : biscotte-vache-qui-rit, yaourt et vieille banane.
Demain on s'organisera mieux.
Business a usual
Jeudi 15 août
En Tchèquie, l'assomption n'est pas fériée. Il y a bien des églises partout, comme en Pologne, mais elles sont plutôt vides...
Donc pour nous comme pour les tchèques, c'est un jour ordinaire. Business as usual.
Nous poursuivons notre route sur la belle piste cyclable facile, le long de la Morava.
Pour saluer les cyclistes que nous croisons, on dit ahoj, qu'on prononce approximativement a-rhoï, le h étant une sorte de jota espagnole, en beaucoup plus doux. En tout cas ça marche, puisqu'on nous renvoie le salut...
À Uherské Hradiště nous bifurquons vers la vallée de l'Olšava (š petit oiseau se dit ch), que nous suivrons à plus ou moins de distance jusqu'à Uherský Brod.
Retour aux sources
Vendredi 16 août
Ce matin nous avons rendez-vous chez AZUB, la fabrique où Séraphine a vu la lumière à l'été 2020. Retour aux sources...
Honza Galla, le directeur marketing nous accueille dans la boutique, qui est plutôt un hall d'exposition où sont présentés quelques modèles de la marque, ainsi que d'autres vélos plus conventionnels, dont AZUB est distributeur pour la Tchèquie. Puis nous entrons dans " l'arrière-boutique ".
AZUB est une petite entreprise semi-artisanale, qui vend dans le monde entier des vélos couchés à 2 et 3 roues, conçus ici même et fabriqués à la commande. Aujourd'hui, la marque vend essentiellement des trikes (vélos couchés à 3 roues), dont au moins la moitié sont désormais à assistance électrique. Les 2-roues " AZUB Mini " comme celui de Béatrice sont de moins en moins demandés, et Honza parle même d'arrêter la production. Snif...
Nous visitons les stocks de pièces détachées, l'atelier de montage, le poste d'emballage et d'expédition, mais pas le bureau des ingénieurs. Top secret !
Tout est fait sur place, même la peinture. Seuls les cadres en aluminium et les pièces spécifiques sont sous-traités à des partenaires tchèques. Pas de production en série, pas de " made in Taïwan ". Chaque vélo est assemblé de A à Z par le même monteur, selon la configuration demandée par le client, puis testé avant d'être emballé et expédié.
Après la visite, nous laissons une dédicace sur le mur, comme ont fait d'autres visiteurs avant nous. Puis nous repartons, accompagnés par Honza qui veut faire quelques vidéos. Après une douzaine de kilomètres et une dernière séance photo où il prend le temps d'examiner Séraphine sous toutes les coutures, nous nous quittons.
Merci AZUB pour l'accueil, bravo pour l'esprit et les valeurs de l'entreprise, merci pour entretenir la flamme de ce petit marché de niche qu'est le vélo couché.
Le lendemain nous avons reçu ceci de la part de Honza :
Hi Alain,
I have just published a short story about your visit here: https://azub.eu/the-story-of-one-little-magenta-mini-part-2-revisiting-azub/
There is also a short video here: https://www.youtube.com/shorts/iqUsBljNw2U
Thanks for coming!Have a great day,
Honza Galla
marketing manager
AZUB BIKE s.r.o.
www.azub.cz
www.azub.eu
+420 774 298 229
Maintenant, pour nous, c'est direction Vienne, où nous voudrions être mardi. Nous avons largement le temps, et c'est tant mieux car la chaleur étouffante nous oblige à lever le pied.
Tchèque fini...
Samedi 17 août
Cette incursion au pays natal de Séraphine a été l'occasion de découvrir un tout petit peu la Tchèquie. Nous n'avions pas d'idées préconçues et n'avions rien envisagé d'autre que ce petit coucou sympathique. Encore un de ces prétextes qui nous suffisent pour fabriquer un voyage..
Et ce fut une bonne surprise.
En république tchèque, la culture vélo est plus développée qu'en Pologne, malgré l'attitude moins conciliante des automobilistes, malgré aussi des aménagements urbains moins homogènes. Du moins, dans les campagnes, les nombreux itinéraires cyclables continus sont de bonne qualité et restent à l'écart de la circulation. On se sent " chez soi ".
Les villes ont un style particulier, mélange d'architecture baroque, de bastides périgourdines et de vastes ryneks polonais écrasés de soleil. Le pays semble moins dynamique que la Pologne, les équipements y sont plus vétustes. Ce coté un peu endormi en fait tout le charme.
Je ne sais pas si tout le pays est à cette image, mais ça vaudrait le coup d'y revenir pour approfondir le sujet...
Pour cette dernière journée tchèque, nous sommes " descendus " jusqu'à la pointe sud du pays, là où se rencontrent les frontières de trois pays : Tchèquie, Slovaquie, Autriche.
On retrouve cette ambiance de " no man's land " des anciennes limites du rideau de fer : miradors abandonnés, larges zones découvertes, forêts chétives, pas d'habitations, personne à l'horizon...
La véloroute court sur une digue de la Morava, qui forme la frontière entre la Tchèquie et la Slovaquie. Elle est par endroit complètement défoncée. Elle n'intéresse personne à part quelques cyclistes comme nous, qui rêvaient d'un ruban parfaitement lisse et plat, et se retrouvent secoués sur les cailloux, avançant au pas et luttant pour ne pas déraper.
Pourquoi c'est beau ?
Nous roulons depuis 3 mois.
Nous avons sillonné des campagnes ouvertes, des paysages bocagers, des forêts, des dunes, longé des fleuves et des rivières, grimpé des collines...
Nous avons traversé des villes aussi : les banlieues autoroutières, les monuments, les églises, les boutiques, les affiches publicitaires, les supermarchés, les tags sur les murs...
Tout cela forme un décor pas très différent de ce que nous connaissons en France, habité par des gens vêtus comme nous, raisonnant comme nous, consommant comme nous...
En avançant avec difficulté dans ce paysage désert, plat et monotone, perdu entre trois pays, et pour tout dire objectivement moche, je me pose la question : Pourquoi on trouve ça beau ? Pourquoi on aime ça ?
Pourquoi aller si loin ?
Peut-être justement parce que c'est loin...
Parce qu'on y va à la force de nos jambes, rien qu'en absorbant un peu plus de glucides que d'habitude, pour chaque matin remettre en route avec joie le " moteur Japuy ", sans lassitude ni (trop de) fatigue...
Parce que la lenteur imposée par le vélo et par les routines simples du voyage nous laissent attentifs et disponibles. Nos yeux, nos oreilles, notre odorat, captent à loisir tous ces petits détails qui mis ensemble forment l'image unique que nous garderons en mémoire, bien différente des cartes postales et des " incontournables " des guides touristiques.
Parce que c'est notre voyage. Nous le construisons jour après jour. Il nous ressemble.
Limonade et Kofola
À Hodonin et à Landžhot, dernières villes tchèques sur notre parcours, nous vidons nos porte-monnaies de leurs dernières Couronnes tchèques, sous la forme de " limonadà " et de " Kofola ". La limonade est servie sous pression. C'est une sorte de Fanta, moins gazeux, moins sucré, et avec beaucoup de parfums très différents, parfois même des fruits frais. Quant au Kofola, servi sous pression aussi, c'est une sorte de Coca-Cola local, inventé à l'époque communiste. Très différent de l'original, beaucoup moins sucré et beaucoup plus parfumé. Un délice...
Le passage en Autriche est marqué par le soudain changement du paysage. Les plaines et les forêts de la Morava font place aux vastes collines de la Basse-Autriche. Pour nous, cela veut dire des grimpettes, qui arrivent au plus mauvais moment : chaleur étouffante de l'après-midi, pas d'ombre... et la fatigue des 60 premiers kilomètres de la journée.
Et parmi les champs endormis de fin d'été, des pompes à balancier, un petit peu partout, tirent du sol un précieux liquide noir... Un petit aller-retour sur Wikipedia pour vérifier : l'Autriche (et spécifiquement la Basse-Autriche) possède effectivement le plus grand champ pétrolifère terrestre d'Europe.
Nous terminons l'étape du jour totalement trempés de sueur et assoiffés, malgré les litres d'eau engloutis, et les limonadà, et les Kofola...
Dilemme...
Dimanche 18 août
Petit dilleme aujourd'hui : il reste 75 km pour rejoindre Vienne. On pourrait le faire dans la journée. Mais il va faire très chaud et il y a de la grimpette au programme.... D'un autre coté couper 75 km un deux mini-étapes, c'est ballot... Et puis ça ferait un jour en plus pour visiter Vienne... Et de toute façon y'a pas de camping avant Vienne... Et puis c'est fini les hôtels à 40 €. Etc... Etc...
Finalement, on se décide pour cibler un camping le long du Danube, à 15 kilomètres en amont de Vienne. Ce sera un camp de base idéal pour les deux prochains jours.
Une fois la décision prise, il n'y a plus qu'à se laisser porter. Enfin presque...
Ce soir, nous retrouvons avec plaisir la toile de tente et les petites routines qui vont avec. Et l'orage aussi. Ça faisait longtemps !
Nous avons rejoint l'EV6, la prestigieuse véloroute qui va de l'Atlantique à la mer Noire. C'est le plus fréquenté des itinéraires vélo européens.
Dans le camping, une petite zone est réservée aux voyageurs à vélo. Bonne idée. Mais du coup, des voyageurs à vélo il y en a tellement qu'on ne cherche même plus à faire connaissance. Les regards se croisent et personne ne dit rien. Chacun fait son petit bazar dans son coin. Une aire de camping-cars sans les camping-cars. Bof, c'est triste... Espérons que c'est seulement dû à la proximité de la grande ville.
Bon baiser de Gustav
Lundi 19 août
Le camping est à 15 kilomètres de Vienne. Pour cette fois, nous délaissons le train. Séraphine et Rouletabille, délestés de leurs bagages, nous porteront jusqu'à la ville.
Habituellement, nous faisons tout pour éviter les traversées de grandes villes à vélo. C'est souvent fastidieux, bruyant et ça pique les yeux. Mais là, c'est différent. La véloroute longe le Danube est plutôt agréable. Nous passons d'abord devant les pontons où sont amarrés les hôtels flottants des croisièristes. Puis le chemin suis discrètement le canal qui s'insinue dans la ville, en se faufilant sous les autoponts et les échangeurs. C'est pour ainsi dire un monde à part, un monde parallèle, où les piliers de pont sont tagués à l'infini, où les tiers-lieux, les friches et les petites gargottes fleurissent, cachés en contrebas de la ville moderne.
Après 10 kilomètres, il nous faut quitter la berge. Une rampe nous projette brutalement au cœur de la ville, dans le brouhaha, les beaux immeubles baroques, les tramways vieillots ou modernes qui s'entrecroisent... Heureusement pour nous, les larges avenues font la part belle aux itinéraires cyclables, très bien matérialisés. C'est presque plus agréable qu'à Copenhague, où il y a moins de place et (beaucoup) plus de vélos.
Vienne est une capitale grande comme Paris. La ville est très touristique et déborde de choses " à ne pas manquer ". On pourrait passer une semaine à enchaîner visite sur visite, à avaler toutes les attractions et tous les musées que les Guides du Routard et autres Lonely Planet mettent sous nos yeux. Mais qu'en resterait-il ?
Visiter une ville, c'est choisir. Et choisir c'est renoncer. Aujourd'hui nous avons choisi le Palais du Belvédère, un élégant petit Versailles au milieu d'un jardin à la française. Ce qui nous a attiré ici, ce sont les collections de toiles de Gustav Klimt, et d'autres peintres autrichiens de la " Sécession de Vienne ", que Klimt a influencé. Il y a notamment. le fameux " Baiser ", qui serait l'œuvre la plus emblématique du peintre autrichien. C'est un peu la Joconde du musée.
Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt
Devant le Baiser de Klimt, les visiteurs s'agglutinent. Des bras tendus ; Au bout des bras tendus, des smartphones ; Les téléphones regardent le tableau et les humains regardent les téléphones. Certains se selfisent en prenant des poses censées imiter les deux personnages qui s'embrassent. Le clic est fait, ils s'en vont plus loin faire un autre clic. Et toutes ces images plus ou moins identiques sont déjà en train de remplir les serveurs des GAFAM...
Quel est le sens de tout ça ? Klimt doit se retourner dans sa tombe...
Orgueil et futilité
Mardi 20 août
Visiter Vienne sans passer par Shönbrunn, c'est comme visiter Paris en snobant la tour Eiffel : ça ne se fait pas ! Shönbrunn est donc notre programme d'aujourd'hui...
On pouvait s'en douter face à un tel afflux touristique : il faut choisir les parties qu'on veut visiter, et une fois de plus les explications sont floues. Alors dans le doute on prend le billet le plus cher... Les génies du marketing sont passés par là !
L'extérieur du palais, d'une belle couleur ocre, est plutôt sobre, et paraît bien modeste par rapport à - au hasard ! - Versailles. Si la mégalomanie d'un souverain se mesure aux dimensions de son château, on comprend pourquoi Louis XIV se prenait pour le centre de l'univers !
Mais à l'intérieur, c'est tout autre chose. Contrairement à Versailles, la révolution n'est pas passée par là. Le palais a été habité jusqu'à la fin de l'empire autrichien en 1918. C'est donc en quelque sorte un palais " moderne " que nous visitons. Les salles contiennent encore beaucoup de tableaux, de mobilier et d'objets décoratifs ou utilitaires. Il y a les salles de bain, les toilettes... L'empereur François-Joseph et sa femme Sissi faisaient pipi comme les autres... La visite ne devient jamais fastidieuse, même si on se perd un peu dans la généalogie des Habsbourg...
Après la visite du palais proprement dit, un petit tour par la " Gloriette ". C'est une colonnade construite tout en haut d'un pan incliné, muni de deux voies en lacets parfaitement symétriques. Ça ne sert à rien, juste à faire joli. Je pense aux milliers de gens qui ont travaillé dur pour niveler à la perfection ce pan incliné, à coups de pioches et de brouettes, pour tailler et empiler les pierres de ce monument totalement inutile.... Pour rien.
Ah si : Du haut, on a une belle vue sur Vienne, et il y a un restaurant. Et puis les oboles obligées des visiteurs remplissent un peu les caisses de l'état...
Un petit tour et puis s'en va
Mercredi 21 août
Demain, c'est retour à la maison. Comme prévu dans notre " plan de vol ", la semaine prochaine sera consacrée à la famille, et notamment à Yuna, Abigaëlle et Théodore, nos petits-enfants, trois tornades à forme humaine...
Cette pause familiale en plein milieu du voyage casse évidemment le rythme et impose des contraintes de dates, mais c'est le compromis que nous avons trouvé pour s'autoriser d'aussi longues absences...
Aujourd'hui, nous retournons une dernière fois dans la capitale autrichienne, avec la modeste ambition de marcher un peu dans les rues.
Boutiques de luxe, grandes marques... Les mêmes partout. On se lasse vite.
Un petit tour dans l'imposante cathédrale Saint-Etienne, de style gothique très flamboyant. Trop peut-être ? Ou bien est-ce le contraste excessif avec les immeubles de style baroque qui l'entoure ? Certes, c'est une performance architecturale. Mais où est l'élévation spirituelle, l'appel du divin ? Nous ne restons pas.
Fin de cycle
Jeudi 22 août
Hier soir, à la Gasthaus Roderich, nous avons fait la connaissance de Sonny, voyageur à vélo parti de Budapest et en route vers Mulhouse. Il est hollandais mais vit en France et parle très bien le français. Sonny n'est pas son vrai nom, qu'il ne nous a d'ailleurs pas révélé. Bizarre... Mais qu'importe, on a passé une bonne soirée.
Et ce matin, c'est une autre rencontre totalement inattendue avec une dame hongroise, parlant français aussi, avec qui le courant est passé tout de suite. À tel point qu'on ne lui a même pas demandé son prénom. Ce qui ne nous a pas empêché de nous embrasser en se quittant. La Hongrie pour un prochain voyage ? Pourquoi pas...
Nous avons laissé Séraphine et Rouletabille en pension à la Gasthaus Roderich, avec toutes nos affaires. Direction l'aéroport, de l'autre coté de la ville.
Nous devions faire cet aller-retour (ou plutôt ce retour-aller...) en train de nuit, malheureusement le Nighjet autrichien ne circule pas en ce moment, pour cause de travaux. C'est donc d'un coup d'aile que nous ferons ce voyage.
Dans 10 jours, retour à Vienne et reprise de la grande promenade...
P'tit récap
- dimanche 11 août - 54 km - Wadowice - Czechowice-Dziedzice
- lundi 12 août - 72 km - Czechowice-Dziedzice - Vratimov
- mardi 13 août - 87 km - Vratimov - Lipník nad Bečvou
- mercredi 14 août - 52 km - Lipník nad Bečvou - Kroměříž
- jeudi 15 août - 57 km - Kroměříž - Uherský Brod
- vendredi 16 août - 32 km - Uherský Brod - Uherský Ostroh
- samedi 17 août - 89 km - Uherský Ostroh - Gosskrut
- dimanche 18 août - 75 km - Grosskrut - Klosterneuburg
- lundi 19 août - 33 km - Klosterneuburg (Vienne)
- mardi 20 août - 45 km - Langenzerdorf (Vienne)
- mercredi 21 août - 32 km - Langenzerdorf (Vienne)
- jeudi 22 août - Retour à la maison...
Les aquarelles de Béatrice
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ca sent un futur achat, cette visite chez AZUB !
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